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Thérapie assistée
par les
psychédéliques
 

Que sont les substances psychédéliques ?

 

Les psychédéliques ou enthéogènes (du grec entheos « du divin » et genestai « qui vient dans l'être ») sont des substances psychotropes qui induisent des états modifiés de conscience et qui sont traditionnellement utilisées par les peuples indigènes dans un contexte rituel à des fins thérapeutiques et spirituelles. Selon ces cultures, ces substances permettent d'ouvrir la conscience à la réalité du monde spirituel. Depuis quelques années ces substances sont utilisées dans le contexte de la médecine occidentale pour traiter divers problèmes physiques et surtout psychiques. Bien que leur utilisation soit encore au stade expérimental, les données issues de la recherche s'avèrent fort intéressantes.

Ces substances peuvent être utilisées dans un contexte thérapeutique en toute sécurité comme le souligne le Dr Olivier Chambon : Un psychédélique est une substance naturelle ou synthétique, dont la consommation entraîne des changements aux niveaux physique, émotionnel, mental et spirituel. C'est un médicament puissant n'entraînant pas de dépendance physique. Il peut être employé avec sécurité pour l'organisme et l'esprit, moyennant le respect de précaution d'utilisation bien précise. Un psychédélique n'est pas une drogue (Chamon, 2020;17).

 

Les substances psychédéliques les plus connues sont le LSD, la psilocybine, le peyotl, l'ayahuasca, l'ibogaïne. Le cannabis est également considéré par certains comme faisant partie des enthéogènes. Parmi ces substances, la psilocybine est la plus utilisée en recherche clinique et son potentiel thérapeutique s'avère impressionnant. Un épisode complet de l'émission Découverte a récemment été consacré à ces nouveaux traitements expérimentaux. 

Les enthéogènes ne sont pas des substances légales en vente libre. Par exemple, le LSD et la psilocybine (substance psychoactive qui se trouve dans les champignons magiques) demeurent illégales au Canada bien que plusieurs organismes militent pour leur légalisation à des fins thérapeutiques. Certaines substances comme la psilocybine, la kétamine et la MDMA peuvent toutefois être prescrites par un médecin via le Programme d'accès spécial de Santé Canada (PAS) pour des motifs thérapeutiques. Les personnes qui vivent de l'anxiété et de l'angoisse existentielle reliée à une maladie chronique terminale s'avèrent une clientèle visée par le PAS. Pour en connaitre davantage sur la psilocybine, visitez le site de Santé Canada

Les enthéogènes ne sont pas des substances légales en vente libre. Par exemple, le LSD et la psilocybine (substance psychoactive qui se trouve dans les champignons « magiques ») demeurent illégale au Canada bien que plusieurs organismes militent pour sa légalisation à des fins thérapeutiques. Certaines substances comme la psilocybine, la kétamine et la MDMA peuvent toutefois être prescrites par un médecin via le Programme d'accès spécial de Santé Canada (PAS) pour des motifs thérapeutiques. Les personnes qui vivent de l'anxiété et de l'angoisse existentielle reliée à une maladie chronique terminale s'avèrent une clientèle visée par le PAS. Pour en connaitre davantage sur la psilocybine, visitez le site de Santé Canada. 

L'émission Découverte diffusée à Radio-Canada à récemment consacré un reportage complet sur l'utilisation thérapeutique des hallucinogènes. Ce reportage peut fournir des informations pertinentes sur le sujet.

L'utilisation des substances psychédéliques en contexte de soins est communément appelée « thérapie assistée par les psychédéliques » dans les différentes études. La consommation de la substance se fait dans un contexte d'accompagnement thérapeutique et pour notre part spirituel. La substance en elle-même revêt un potentiel extraordinaire de transformation intérieure et peut être considérée comme un « traitement » ou un adjuvant à une thérapie ou à un accompagnement spirituel. Dans les cultures indigènes où ces substances sont utilisées depuis des siècles, leurs usages ne sont jamais associés à une psychothérapie.  

 

Comme le souligne un groupe de chercheurs : « En résumé, le terme « thérapie assistée par les psychédéliques » n'évoque pas les changements réels induits par l'expérience psychédélique. Les effets observés dans les meilleures études cliniques contrôlées doivent être attribués à la médication elle-même et non à la psychothérapie (Goodwin et al., 2021;17).

 

Au Québec la psychothérapie est un acte réservé aux psychologues et aux psychothérapeutes. Nous n'offrons donc pas de psychothérapie mais bien une thérapie assistée par la psilocybine dans le contexte d'un accompagnement spirituel plus large. Ce traitement est offert dans un contexte sécuritaire par un intervenant en soins spirituels formé chez Therapsil qui s'avère la formation la plus rigoureuse au Québe actuellement. C'est donc dans ce contexte que nous offrons cet accompagnement spirituel spécialisée pour les personnes qui peuvent avoir accès à la médication de la part de leur médecin traitant. Nous pouvons également référer les personnes intéressées à des médecins ouverts à ces approches novatrices qui seront en mesure de prescrire la médication.

La littérature médicale explique le potentiel thérapeutique de ces traitements entres autres par l'expérience de type mystique vécue par les personnes ayant participées à ces études cliniques. Cette expérience profondément spirituelle s'avère un mécanisme d'action psychologique permettant d'expliquer les changement bénéfiques, substantiels et durables reliés à la détresse existentielle. Une forte proportion des personnes ayant participées à ces études affirme qu'il s'agissait d'une des cinq expériences les plus significatives de leur existence.

Comprendre le fonctionnement des psychédéliques

Sur le plan neurologique les psychédéliques agissent sur le cerveau d'une façon complexe. Sans entrer dans le détail de la pharmacodynamie et de la pharmacocinétique, disons plutôt comment ces substances agissent sur la conscience d'un point de vue psychologique et phénoménologique. Pour ce faire, la cartographie de la psyché faite par le neuropsychiatre italien Roberto Assagioli s'avère éclairante. À la lumière de ce modèle, la conscience ordinaire (le sentiment d'être moi en contact avec l'environnement) ne représente qu'une fraction de la conscience qui s'avère une réalité beaucoup plus vaste, à savoir l'inconscient. Cet inconscient comporte des dimensions inférieur (subconscience) et supérieur (supraconscience). C'est par la supraconscience que l'être humain peut entrer en relation avec la dimension transcendante de son être et prendre contact avec sa véritable nature, à savoir le Soi supérieur ou spirituel. Ce contact se traduit par le biais de ce que nous pourrions qualifier d'expérience mystique : « Il existe aussi des personnes qui, grâce à une pratique acharnée de prière ou de méditation, parviennent à projeter temporairement leur conscience vers les niveaux du supraconscient, arrivant parfois tout près du Soi transpersonnel, ou même en contact avec lui » (Assagioli, 1991;183). Or, à l'instar de la méditation ou autres pratiques spirituelles, il semble bien que les psychédéliques agissent comme un catalyseur qui favorise l'élargissement de la conscience qui, pour un temps déterminé, entre en contact avec d'autres dimensions de la réalité. 

Notre hypothèse est que les psychédéliques décloisonnent le champ de la conscience ordinaire et la rende ainsi perméable à l'inconscient. Cette abolition temporaire des « frontières » de la conscience ordinaire favorise l'émergence soit de l'inconscient inférieur ou l'inconscient supérieur selon la préparation et l'orientation donnée à l'expérience. Dans une approche psychothérapeutique classique l'orientation est généralement focalisée sur l'inconscient inférieur dans le but de libérer les émotions refoulées en lien avec des expériences antérieures. D'où l'expérience thérapeutique d'emotional breakthrough vécue par les personnes.

Pour notre part, nous orientons délibérément l'expérience dans le but de favoriser le contact ou la relation avec la supraconscience dont l'expérience mystique s'avère le résultat escompté et qui, dans la littérature médicale, est identifié comme facteur thérapeutique dissipant la peur de la mort et la détresse existentielle. 

Ainsi l’œuvre de Roberto Assagioli, contemporain de Carl G. Jung et de Sigmund Freud dont il était le disciple, peut servir de cadre interprétatif aux expériences psychédéliques. Son modèle de la psyché permet de comprendre que les expériences de libération émotionnelle (emotional breakthrough) et d’expérience mystique - deux mécanismes d’action thérapeutiques identifiés dans la littérature médicale - sont possibles par l’émergence à la conscience des réalités inconscientes qui, c’est notre opinion, peuvent être évoqués lors de la préparation et suscités par le thérapeute pendant l’expérience. D'ailleurs Assagioli dit à propos de l'expérience d'auto-transcendance qu'il s'agit : « d'une véritable expérience « phénoménologique », une réalité intérieure qui peut être vérifiée empiriquement et provoquée volontairement par des techniques appropriées » (Assagioli, 1991, p.28). Il précise que : « l'expérience du Soi [expérience mystique] ne se présente pas seulement d'une façon spontanée; elle peut être favorisée, ou bien provoquée, par l'emploi de différentes méthodes de méditation et de concentration » (Idem, p.29).

Risques et bénéfices associés à l'utilisation thérapeutique de la psilocybine
 

Lorsqu'elles sont utilisées en contexte thérapeutique, c'est-à-dire dans un environnement encadré avec des professionnels de la santé compétents et formés, la consommation de substances psychédéliques comporte très peu de risques.

Sur le plan médicale les risques identifiés dans la littérature sont une augmentation de la tension artérielle, présence de nausée et de transpiration, inconfort physique, maux de tête. Sur le plan psychologique certaines personnes peuvent vivre un épisode dissociatif temporaire (dans de très rares cas cela peut se poursuivre), des changements au niveau de la personnalité, des valeurs et du système de croyances, un inconfort psychologique, un épisode d'anxiété, des hallucinations visuelles et des idées paranoïaques temporaires. Certains cas d'idéations suicidaires ont été répertoriés mais uniquement chez la clientèle traitée pour dépression chronique réfractaire (et non en contexte de détresse existentielle).

Quant aux bénéfices associés à l'utilisation thérapeutique des psychédéliques en contexte de détresse existentielle, on observe une diminution significative des symptômes d'anxiété, de dépression, de désespoir, de la crainte de la mort ainsi que des symptômes associés à la démoralisation. En contrepartie, on observe une augmentation du sentiment de paix, une compréhension accrue du sens de l'existence, une augmentation du bien être spirituel et psychologique et une amélioration des relations sociales (Agin-Liebes et al., 2020).   

                                                                                                            Stéphane Rivest 2024©

Figure 1. Diagramme de la psyché de Roberto Assagioli
Diagramme de la psyché
Diagramme de la psyché

Fig. 1 Diagramme de la psyché d'Assagioli

Comprendre le fonctionnement des psychédéliques

 

Sur le plan neurologique les psychédéliques agissent sur le cerveau d'une façon complexe. Sans entrer dans le détail de la pharmacodynamie et de la pharmacocinétique, disons plutôt comment ces substances agissent sur la conscience d'un point de vue psychologique et phénoménologique. Pour ce faire, la cartographie de la psyché faite par le neuropsychiatre italien Roberto Assagioli s'avère éclairante. À la lumière de ce modèle, la conscience ordinaire (le sentiment d'être moi en contact avec l'environnement) ne représente qu'une fraction de la conscience qui s'avère une réalité beaucoup plus vaste, à savoir l'inconscient. Cet inconscient comporte des dimensions inférieur (subconscience) et supérieur (supraconscience). C'est par la supraconscience que l'être humain peut entrer en relation avec la dimension transcendante de son être et prendre contact avec sa véritable nature, à savoir le Soi supérieur ou spirituel. Ce contact se traduit par le biais de ce que nous pourrions qualifier d'expérience mystique : « Il existe aussi des personnes qui, grâce à une pratique acharnée de prière ou de méditation, parviennent à projeter temporairement leur conscience vers les niveaux du supraconscient, arrivant parfois tout près du Soi transpersonnel, ou même en contact avec lui » (Assagioli, 1991;183). Or, à l'instar de la méditation ou autres pratiques spirituelles, il semble bien que les psychédéliques agissent comme un catalyseur qui favorise l'élargissement de la conscience qui, pour un temps déterminé, entre en contact avec d'autres dimensions de la réalité. 

Notre hypothèse est que les psychédéliques décloisonnent le champ de la conscience ordinaire et la rende ainsi perméable à l'inconscient. Cette abolition temporaire des « frontières » de la conscience ordinaire favorise l'émergence soit de l'inconscient inférieur ou l'inconscient supérieur selon la préparation et l'orientation donnée à l'expérience. Dans une approche psychothérapeutique classique l'orientation est généralement focalisée sur l'inconscient inférieur dans le but de libérer les émotions refoulées en lien avec des expériences antérieures. D'où l'expérience thérapeutique d'emotional breakthrough vécue par les personnes.

Pour notre part, nous orientons délibérément l'expérience dans le but de favoriser le contact ou la relation avec la supraconscience dont l'expérience mystique s'avère le résultat escompté et qui, dans la littérature médicale, est identifié comme facteur thérapeutique dissipant la peur de la mort et la détresse existentielle. 

 

Ainsi l’œuvre de Roberto Assagioli, contemporain de Carl G. Jung et de Sigmund Freud dont il était le disciple, peut servir de cadre interprétatif aux expériences psychédéliques. Son modèle de la psyché permet de comprendre que les expériences de libération émotionnelle (emotional breakthrough) et d’expérience mystique - deux mécanismes d’action thérapeutiques identifiés dans la littérature médicale - sont possibles par l’émergence à la conscience des réalités inconscientes qui, c’est notre opinion, peuvent être évoqués lors de la préparation et suscités par le thérapeute pendant l’expérience. D'ailleurs Assagioli dit à propos de l'expérience d'auto-transcendance qu'il s'agit : « d'une véritable expérience « phénoménologique », une réalité intérieure qui peut être vérifiée empiriquement et provoquée volontairement par des techniques appropriées » (Assagioli, 1991, p.28). Il précise que : « l'expérience du Soi [expérience mystique] ne se présente pas seulement d'une façon spontanée; elle peut être favorisée, ou bien provoquée, par l'emploi de différentes méthodes de méditation et de concentration » (Idem, p.29).

 

Risques et bénéfices associés à l'utilisation thérapeutique de la psilocybine

 

Lorsqu'elles sont utilisées en contexte thérapeutique, c'est-à-dire dans un environnement encadré avec des professionnels de la santé compétents et formés, la consommation de substances psychédéliques comporte très peu de risques.

Sur le plan médical les risques identifiés dans la littérature sont une augmentation de la tension artérielle, présence de nausée et de transpiration, inconfort physique, maux de tête. Sur le plan psychologique certaines personnes peuvent vivre un épisode dissociatif temporaire (dans de très rares cas cela peut se poursuivre), des changements au niveau de la personnalité, des valeurs et du système de croyances, un inconfort psychologique, un épisode d'anxiété, des hallucinations visuelles et des idées paranoïaques temporaires. Certains cas d'idéations suicidaires ont été répertoriés mais uniquement chez la clientèle traitée pour dépression chronique réfractaire (et non en contexte de détresse existentielle).

Quant aux bénéfices associés à l'utilisation thérapeutique des psychédéliques en contexte de détresse existentielle, on observe une diminution significative des symptômes d'anxiété, de dépression, de désespoir, de la crainte de la mort ainsi que des symptômes associés à la démoralisation. En contrepartie, on observe une augmentation du sentiment de paix, une compréhension accrue du sens de l'existence, une augmentation du bien être spirituel et psychologique et une amélioration des relations sociales (Agin-Liebes et al. 2020)

 

Utilisation thérapeutique des psychédéliques

 

​L'utilisation des substances psychédéliques en contexte de soins est communément appelée « thérapie assistée par les psychédéliques ». La consommation de la substance se fait dans un contexte d'accompagnement thérapeutique ou psychothérapeutique. Bien que certaines personnes accordent une importance considérable à la psychothérapie dans le cadre de ces traitements, il semble que l'efficacité de ce dernier soit davantage attribuable à la substance elle-même plutôt qu'au soutien psychologique prodigué. Les hallucinogènes revêtent un extraordinaire potentiel de transformation intérieure et sont considérés par certains comme un « traitement » en soi. Comme le souligne un groupe de chercheurs: En résumé, le terme « thérapie assistée par les psychédéliques » n'évoque pas les changements réels induits par l'expérience psychédélique. Les effets observés dans les meilleures études cliniques contrôlées doivent être attribués à la médication elle-même et non à la psychothérapie (Goodwin et al., 2021;17).

Bien que cette question divise les chercheurs, sans doute est-il utile de rappeler que ces substances sont utilisées avec succès depuis des siècles dans un contexte spirituel sans un soutien psychothérapeutique tel qu'il se pratique en occident de nos jours. Nous croyons fermement que l'accompagnement thérapeutique est nécessaire pour encadrer et orienter l'expérience psychédélique mais ne saurait se substituer aux capacités de guérison innées (inner healer) de la personne.

 

Pour notre part, nous offrons un accompagnement thérapeutique spécialisé pour les personnes qui peuvent avoir accès à la médication de la part de leur médecin traitant. Notre approche est enracinée dans une vision holistique de la personne qui reconnait d'emblée la réalité du monde spirituel auquel l'esprit peut accéder lors de l'expérience mystique induite par l'usage de substances psychédéliques. Nous pouvons également vous accompagner dans vos démarches en vue de trouver un médecin susceptible de faire la demande à Santé Canada.

La littérature médicale explique le potentiel thérapeutique de ces traitements entres autres par l'expérience de type mystique vécue par les personnes ayant participées à ces études cliniques. Cette expérience profondément spirituelle s'avère un mécanisme d'action psychologique permettant d'expliquer les changement bénéfiques, substantiels et durables reliés à la détresse existentielle. Une forte proportion des personnes ayant participées à ces études affirme qu'il s'agissait d'une des cinq expériences les plus significatives de leur existence.​​

Comprendre le fonctionnement des psychédéliques

 

Sur le plan neurologique les psychédéliques agissent sur le cerveau d'une façon complexe. L'étude de Petri et ses collègues (2014) démontre que la psilocybine favorise de façon importante la communication entre différentes régions du cerveau qui habituellement ne communiquent pas entres elles. Sans entrer dans le détail de la pharmacodynamie et de la pharmacocinétique, disons plutôt comment ces substances agissent sur la conscience d'un point de vue psychologique et phénoménologique.

 

Pour ce faire, la cartographie de la psyché (image ci-bas) faite par le neuropsychiatre italien Roberto Assagioli s'avère éclairante. À la lumière de ce modèle, la conscience ordinaire (le sentiment d'être moi en contact avec l'environnement) ne représente qu'une fraction de la conscience qui s'avère une réalité beaucoup plus vaste, à savoir l'inconscient. Cet inconscient comporte des dimensions inférieur (subconscience) et supérieur (supraconscience). C'est par la supraconscience que l'être humain peut entrer en relation avec la dimension transcendante de son être et prendre contact avec sa véritable nature, à savoir le Soi supérieur ou spirituel. Ce contact se traduit par ce que nous pourrions qualifier d'expérience mystique : Il existe aussi des personnes qui, grâce à une pratique acharnée de prière ou de méditation, parviennent à projeter temporairement leur conscience vers les niveaux du supraconscient, arrivant parfois tout près du Soi transpersonnel, ou même en contact avec lui (Assagioli, 1991;183). Or, à l'instar de la méditation ou autres pratiques spirituelles, il semble bien que les psychédéliques agissent comme un catalyseur qui favorise l'élargissement de la conscience qui, pour un temps déterminé, entre en contact avec d'autres dimensions de la réalité. 

Notre hypothèse est que les psychédéliques décloisonnent le champ de la conscience ordinaire et la rende ainsi perméable à l'inconscient. Cette abolition temporaire des frontières de la conscience ordinaire favorise l'émergence soit de l'inconscient inférieur ou l'inconscient supérieur selon, entre autres, la préparation et l'orientation donnée à l'expérience. Dans une approche psychothérapeutique classique l'orientation est généralement focalisée sur l'inconscient inférieur dans le but de libérer les émotions refoulées en lien avec des expériences antérieures. D'où l'expérience thérapeutique d'emotional breakthrough vécue par les personnes lors de l'expérience psychédélique..

Pour notre part, notre approche consiste à orienter l'expérience psychédélique dans le but de favoriser l'expérience mystique qui, dans la littérature médicale, est identifié comme facteur thérapeutique susceptible de dissiper la peur de la mort et la détresse existentielle. En effet, il semble possible d'orienter l'expérience psychédélique dans un sens déterminé :  La riche littérature anthropologique sur les pratiques rituelles impliquant des psychotropes explique comment des facteurs socio-culturels peuvent être utilisés pour canaliser l’expérience psychédélique dans une direction désirée (Lifschitz 2018). Préparer un voyage en annonçant une forte probabilité d’ « expérience mystique » ou d’autres formes de révélation sur la nature de l’esprit augmente les chances de lui donner une dimension religieuse (Johnson 2020)
(Tadel et coll., 2024).

 

Ainsi l’œuvre de Roberto Assagioli, contemporain de Carl G. Jung et de Sigmund Freud dont il était le disciple, peut servir de cadre interprétatif aux expériences psychédéliques. Son modèle de la psyché permet de comprendre que les expériences de libération émotionnelle (emotional breakthrough) et d’expérience mystique - deux mécanismes d’action thérapeutiques identifiés dans la littérature médicale - sont possibles par l’émergence à la conscience des réalités inconscientes qui, c’est notre opinion, peuvent être évoqués lors de la préparation et suscités par le thérapeute pendant l’expérience. D'ailleurs Assagioli dit à propos de l'expérience d'auto-transcendance qu'il s'agit : d'une véritable expérience « phénoménologique », une réalité intérieure qui peut être vérifiée empiriquement et provoquée volontairement par des techniques appropriées (Assagioli, 1991, p.28). Il précise que : l'expérience du Soi [expérience mystique] ne se présente pas seulement d'une façon spontanée; elle peut être favorisée, ou bien provoquée, par l'emploi de différentes méthodes de méditation et de concentration (Idem, p.29).

 

Risques et bénéfices associés à l'utilisation thérapeutique de la psilocybine

 

Lorsqu'elles sont utilisées en contexte thérapeutique, c'est-à-dire dans un environnement encadré avec des professionnels de la santé compétents et formés, la consommation de substances psychédéliques comporte très peu de risques.

Sur le plan médical les risques identifiés dans la littérature sont une augmentation de la tension artérielle, présence de nausée et de transpiration, inconfort physique, maux de tête. Sur le plan psychologique certaines personnes peuvent vivre un épisode dissociatif temporaire (dans de très rares cas cela peut se poursuivre), des changements au niveau de la personnalité, des valeurs et du système de croyances, un inconfort psychologique, un épisode d'anxiété, des hallucinations visuelles et des idées paranoïaques temporaires. Certains cas d'idéations suicidaires ont été répertoriés mais uniquement chez la clientèle traitée pour dépression chronique réfractaire (et non en contexte de détresse existentielle).

Quant aux bénéfices associés à l'utilisation thérapeutique des psychédéliques en contexte de détresse existentielle, on observe une diminution significative des symptômes d'anxiété, de dépression, de désespoir, de la crainte de la mort ainsi que des symptômes associés à la démoralisation. En contrepartie, on observe une augmentation du sentiment de paix, une compréhension accrue du sens de l'existence, une augmentation du bien être spirituel et psychologique et une amélioration des relations sociales (Agin-Liebes et al., 2020).

Assagioli.pdf
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